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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 17:40

Délégation de Services Publics Charges Vénales, même combat. Suite 1

Ce qu'en dit Montesquieu !!!

Montesquieu (1689-1755) , le Stéphane Guillon de son époque, a tellement fait rire ses contemporains, qu'il a fini par être pris au sérieux. Comme Stéphane qu'on appelle comme expert en économie dans les talk-show, il a fini par se prendre au sérieux.

Et chacun sait que c'est un virage difficile à prendre pour un humoriste. Non pas qu'il ne sait plus ce qu'il dit, mais que ses lecteurs ne savent plus trop quand il faut le prendre au premier ou au deuxième degré. Dieu sait si Montesquieu militait par antiphrase, et bien, certains le prennent encore au premier degré. A l'époque, il était prudent de dire le contraire de ce qu'on pensait : ceux qui étaient susceptibles de le comprendre le comprenait suivant l'adage : Que celui qui veut entendre entende. Et ceux qui ne voulait pas comprendre, ne comprenaient pas. De toute façon, leur cas est désespéré, et ça mettait à l'abri des censeurs.

Enfin bref, voilà ce qu'on trouve sous sa plume :Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/211

La bibliothèque libre.

 

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QUATRIEME QUESTION. Convient-il que les charges soient vénales ? Elles ne doivent pas l'être dans les états despotiques, où il faut que les sujets soient placés ou déplacés dans un instant par le prince.

Cette vénalité est bonne dans les états monarchiques ; parce qu'elle fait faire, comme un métier de famille, ce qu'on ne voudroit pas entreprendre pour la vertu ; qu'elle destine chacun à son devoir, & rend les ordres de l'état plus permanens. Suidas ([1]) dit très-bien qu'Anastase avoit fait de l'empire une espece d'aristocratie, en vendant toutes les magistratures.

Platon ([2]) ne peut souffrir cette vénalité. " C'est dit-il, comme si, dans un navire, on faisoit quelqu'un pilote ou matelot pour son argent. Seroit-il possible que la regle fût mauvaise dans quelque autre emploi que ce fût de la vie, & bonne seulement pour conduire une république ?" Mais Platon parle d'une république fondée sur la vertu, & nous parlons d'une monarchie. Or, dans une monarchie, où, quand les charges ne se vendroient pas par un réglement public, l'indigence & l'avidité des courtisans les vendroient tout de même, le hasard donnera de meilleurs sujets que le choix du prince. Enfin, la maniere de s'avancer par les richesses inspire & entretient l'industrie ([3]); chose dont cette espece de gouvernement a grand besoin.

Page empruntée à Wikisource

Ce texte vient dans un contexte compliqué. La situation politique, économique, morale, est déconcertante. Tant en France que dans le reste de l'Europe. Certaines monarchies laissent leur peuple à l'abandon. Ni administration directe, ni délégation ! Sauf quand il s'agit de faire la guerre ! Il en fait le constat avec effroi : dictature primaire et cruelle du roi de Prusse. Voir absolument : Montesquieu.ens.Ish.fr/IMG/pdf/RM02-Volpilhac-Auger.

Tout compte fait, mieux vaut une monarchie bon enfant gérée avec des aristocrates ayant à coeur leur réputation, qu'une dictature servie par des commis méprisés. Mais, l'amphigouri est tellement criant que je m'octroie le droit de douter d'un sens qui pourrait paraître obvie. Amphigouri tellement gonflé dans « l'esclavage des nègres « qu'on ne peut s'empêcher d'en faire l'hypothèse. Montesquieu, sans être un grand politique, n'est tout de même pas un imbécile Il est d'une énorme culture, particulièrement historique. Il arrive après le Grand Siècle. Il a longuement disserté sur Rome. La querelle sur la "Dîme royale" a fait rage pendant toute sa vie. L'expression méprisante : le droit-de-l'hommisme commence à s'employer. Il n'écrit pas hors Histoire. Pourtant, il faut reconnaître que la gouvernance en France par Délégation des charges administratives est généralisée et invétérée. Il est évident que pour beaucoup, le monde est fait comme ça.

Et puis, comme dirait Ségolène, mieux vaut une gouvernance pourrie que pas de gouvernance du tout. De la part de Ségo, je veux bien, mais pas de Montesquieu.

On ne peut le suspecter d'avoir écrit sans réfléchir.

Comme Camus qui ne va pas au bout de sa pensée, Montesquieu adopte-t-il une attitude correspondant à son monde ? Avant tout aristocrate, alors que sa réflexion est en rupture ? Même si c'est le cas, il contribue à poser le problème. Et son texte a été débattu .De toute évidence, il a été rejeté. Au premier degré.

Mais apparemment, pas définitivement, puisqu'on voit resurgir la Délégation des Services Publics avec une vigueur jamais atteinte, au moins par l'ampleur financière de la spoliation du Domaine Public qui est en jeu. Je parle ici de la fin du Xxème et maintenant..

Nous en reparlerons.

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commentaires

F
<br /> félicitations mon cher P.H pour cette recherche ....<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Merci,<br /> je connaissais l'existence de votre commentaire, mais mon administration était inutilisable.<br /> j'ai eu la solution à mon problème cette nuit.<br /> Je médite un article sur l'affaire Zacharias, dans la ligne de mon commentaire sur le figaro sur l'affaire Proglio mots-clés : cumul emploi-retraite  Cardin Le Bret.<br /> A bientôt<br /> <br /> <br />